Banc d'essai : Jean-Marie REYNAUD Concorde Signature

Publié le : 09/03/2006 17:21:39
Catégories : Enceintes , Tests - Bancs d'essais

La colonne CONCORDE SIGNATURE coiffe la gamme d'enceinte de Jean-Marie REYNAUD.

Aperçue au Salon Haute-Fidélité en octobre sous la forme d'un prototype, elle a fait très forte impression à tous les visiteurs qui l'ont qualifiée à une large majorité comme étant la meilleure écoute du salon, associée aux amplificateurs PLINIUS.

Nous les avions eues entre les mains en novembre, dans une version quasi-définitive et en livrée noire, lors de notre salon sur les produits JMR et l'impression éprouvée au salon d'octobre a été plus que confirmée. Nous avons pu "jouer" avec pendant 2 jours en les associant pèle-mèle à des électroniques ICOS, PLINIUS, MIMETISM et même un OPERA d'AUDIOMAT. A chaque fois, le résultat a été magnifique. Les quelques clients qui sont venus nous voir ce week-end là s'en souviennent encore avec émotion.

Depuis cette date, leur mise au point définitive a pris du temps, plus que prévu initialement pour la bonne cause, certes, mais mettant nos nerfs et notre impatience à rude épreuve...

Jeudi dernier, la bonne nouvelle est enfin tombée : nous allions pouvoir récupérer la seule paire existant au monde des Concorde Signature (niarf !). Ce mardi nous sommes donc allé les chercher dans une revue spécialisée qui venait d'en faire le banc d'essai.

Nous les avons déballées et branchées sur un ensemble ICOS : Fado, Dactablette et ensemble préampli-ampli 2120.

Bonne lecture !!! après ces quelques photos de la "bête"...

 


Enfin ! nous y sommes...

Les cartons sont dans la voiture, guillaume se gare, ca y est on est arrivés.

Excitation, inquietude, tout est là pour passer à l'écoute. On ferme le magasin après les avoir sorties de leur carton. Elles ne sont pas belles, ça c'est un fait. Enfin selon mes critères...

Nous les descendons dans l'auditorium, je branche directement l'ensemble full Icos (Fado, datablette, 2120, câble MPC comme d'habitude). Guillaume passe en premier, je remonte. Quelques dizaines de minutes plus tard, on échange nos places et là tout commence et tout finit.

En un mot, je dirais : universelle !!!!

Pour ce CR, je ne detaillerais pas mes écoutes morceau par morceau mais je vais essayer de retranscrire par écrit mes émotions et mes avis.

A la fois douce et virulente, précise et chaleureuse. Jamais je n'ai entendu une JM Reynaud comme ça. L'aigu est particulier, il diffère complètement des autres JMR. Il va plus loin, les harmoniques respirent, sont vivantes, le grave est présent, tendu et souple à la fois. Le médium est parfait.

Je pense que JM Reynaud a poussé la fréquence de coupure du médium un peu plus haut qu'à l'accoutumée afin de ne pas faire de creux avec le tweeter à ruban. Les deux hauts-parleurs de grave sont en parfaite harmonie avec le bas médium et là aussi, je suppose qu'ils montent un peu plus que pour la précédente Concorde. Je demanderai à JMR à son retour de vacances.

Si c'est là le point de départ d'une nouvelle gamme d'enceintes chez JMR, je dis bravo. A moins d'être typées et de travailler dans un domaine différent, les enceintes qui devront être comparées aux Concorde Signature vont souffrir.

Demain, 2ème test (qui me fait peur) : Concorde vs Offrande suivi de Concorde vs C2.

L'écoute en bref : impressionné, perturbé sur les aigus, confiant sur le médium et les graves, esthétique sans compromis.

Va-t-elle remplacer les Offrande dans mon coeur ou me servir de nouvelle référence...  Qui vivra comparera...

Olivier


Deuxième jour...

Je suis en retard... Guillaume a déja fait ses tests et moi non, il faut dire qu'il est resté tard hier soir pour ca. J'ai à peine fait un petit comparatif en vitesse entre deux clients. Il faut bien travailler. Je me demande même si je ne vais pas rester un soir moi aussi pour faire ça tranquillement, sans peur d'être dérangé. Je ne veux pas "enterrer" l'Offrande trop vite. Et si elle doit l'être, que ce soit dans des conditions dignes et loyales.

Et puis, je ne peux de toutes facons pas écrire n'importe quoi, sur des souvenirs fugaces. Il faut que je fasse ça correctement.

Donc bientot, c'est promis...

Olivier


Bon, alors quoi, finalement ?

Cette première écoute est un premier contact. Je les ai écoutées sur une seule configuration d'électroniques et sans les comparer à d'autres enceintes. D'autres tests viendront plus tard, patience...

En amuse-bouche, l'ouverture de la 5ème de Mahler par Chailly, redoutable de dynamique et de complexité : pas très significatif. Ce qui ressort quand même immédiatement c'est que les cuivres ont des timbres magnifiques et ne sont jamais agressifs (ce qui est rarement le cas avec ce disque), beaucoup de poids et d'ampleur, une scène sonore très large et profonde, l'aigu file très haut mais sans aucune brillance, il est parfaitement intégré au reste du spectre, une petite merveille.

Juste derrière, les Rhapsodies Hongroises de Liszt par Cziffra : là, première claque ! Je ne les ai jamais entendues comme ça. Le piano est incroyable de justesse et les harmoniques n'en finissent pas. Chair de poule immédiate et ça, c'est un signe qui ne trompe pas. J'ai vraiment eu l'impression de redécouvrir ce disque que j'écoute plusieurs fois par jour...

Après, pour changer de registre, l'album Money for Nothing de Dire Straits : d'abord le début de Sultans of Swing. Je pensais écouter les 30 premières secondes avant de passer à Private Investigations. Et bien, je me suis surpris 3 fois à retenir mon geste sur la télécommande et je l'ai écouté en entier... Je zappe sur Private Investigations et là, à nouveau chair de poule immédiate. La guitare au début est magnifique, sans être le moins du monde métallique (comme souvent sur d'autres systèmes). Le xylophone est extrêmement net à gauche. Un peu plus loin, on peut compter le nombre de morceaux de verres brisés. Enfin, la voix de Mark Knopfler est incroyable de présence.

Je commence à ne plus tout à fait être dans un état normal à ce stade mais, stoïquement, je continue avec Joe Williams dans son album Live at Vine St, sur la plage Too Marvelous for Words. Deuxième claque ! Je suis DANS le club de jazz et j'assiste au concert. Joe Williams est derrière le rideau de l'auditorium avec son ensemble. Là encore, je n'ai jamais entendu ce morceau comme ça. Les timbres de la voix de Williams et des différents instruments son d'une justesse époustouflante.

Décidé à me faire mal, je passe à Sarah Vaughan dans son album éponyme et je passe la plage 4 : Jim. Au risque de me répéter, Sarah est présente dans la pièce. Toutes les plus infimes modulations de sa voix (et Dieu sait qu'il y en a) sont reproduites avec un réalisme saisissant. Encore un morceau que je n'avais jamais entendu comme ça. Cela commencerait presque à être lassant (non, je plaisante...)

Pour titiller l'enceinte dans le grave, je passe la plage Papa was a Rolling Stone de l'album Superbass 2 avec Ray Brown, John Clayton et Christian McBride. Sur cet enregistrement live, je suis une nouvelle fois téléporté dans le club de jazz. La distinction du jeu des trois musiciens est parfaitement claire et évidente. Le grave des contrebasses est reproduit avec beaucoup d'ampleur et de maîtrise jusque dans les dernières octaves. Assez impressionant !

Pour finir, le morceau No sanctuary here de Chris Jones sur l'album "échantillon" de Stockfisch Records (morceau repris dans le dernier disque de la Revue du Son). Là , le bilan est très mitigé en ce sens que la bande-son a été tellement triturée au mixage que cela s'entend distinctement. Tout semble truqué alors que ce morceau est couramment utilisé pour certaines démonstrations de matériel, y compris haut de gamme, dans les salons. Cette enceinte ne fait pas de cadeau ! Mais la prise de son est respectée, elle. N'est-ce pas l'essentiel ?

En conclusion de ce premier contact, je suis à la fois impatient et inquiet de la comparer aux Offrande, ma référence, notamment en matière de timbres, qui n'avait pas été détrônée par la précédente Concorde, mais également aux Dynaudio C2, pourtant bien plus chère mais mon petit doigt me dit que les Concorde Signature pourraient bien faire vaciller le colosse...

A suivre demain pour la confrontation avec l'Offrande...

Guillaume


Deuxième contact : les Concorde Signature contre les Offrande

Ce n'est pas sans une certaine appréhension que j'ai préparé cette confrontation. Pour moi, l'Offrande est une vraie référence, surtout en ce qui concerne les timbres. C'est un vecteur d'émotions fortes faciles. En un mot et malgré ses défauts (si, si, elle en a) c'est une enceinte extrêmement musicale. La précédente Concorde avait l'ampleur et le grave qu'elle n'avait pas mais les timbres étaient un peu moins beaux et l'on perdait un peu en précision. Je la trouvait donc un peu moins homogène.

Du coup, avec le souvenir de mon écoute d'hier, je frémis d'avance pour la solidité du piédestal de ces belles bibliothèques, mais je me lance. Je commence sur l'Offrande avec le Stabat Mater de Vivaldi (peut-être le plus beau de tous, soit dit en passant) par Michel Corboz. Mes repères habituels sont bien en place, c'est très beau comme à chaque fois et les voix sont sublimes. Je reste convaincu qu'elle va vendre chèrement sa peau...

Je passe sur la Concorde : tient, elle a un meilleur rendement que l'Offrande. Je baisse un peu le son et repars au début de la plage. Première impression : tout a grandi dans les 10 dimensions qui me viennent immédiatement à l'esprit (pas mal, non ?) : l'écoute est plus large, plus haute et plus profonde (ça fait 3). Elle a aussi beaucoup plus de matière et de densité (ça compte pour 1 et on est à 4). L'ampleur et le poids sont sans commune mesure (ça compte pour 1 aussi, et de 5). Les timbres sont - mais oui - beaucoup plus beaux (et de 6) et la présence sur les voix est magique (et de 7). L'aigu file toujours aussi haut mais, paradoxalement, on ne l'entend pas tant il est intégré au reste du spectre (ça fait 8). Le medium est de toute beauté, facile c'est une Reynaud ! (ça fait 9). Le grave descend très, mais alors très bas, tout en restant tendu, maitrisé en un mot : réaliste (et de 10).

Deuxième essai : le Messie de Haendel par Gardiner sur instruments anciens. Je présume que les chœurs favoriseront les Concorde mais je me lance. Cette fois-ci je reste sur les Concorde pour commencer. C'est magnifique ! Les chœurs sont superbement reproduits sans la moindre trace de saturation sur certaines envolées très rapides et très dynamiques de la plage 12 For unto us a child is born. Beaucoup d'ampleur, l'atmosphère, le volume de l'église où a été enregistré ce disque sont criants de réalisme. La réverbération sans être exagérée permet de sentir l'intérieur de l'édifice.

Passage sur l'Offrande avec la même plage : au début, je crois qu'il y a une erreur... J'ai dû inverser les câbles ou un truc dans le genre. Je vérifie, mais non, tout est bien branché. Je suis sidéré par ce que j'entends. L'Offrande semble étriquée, introvertie, très mate, les timbres semblent presque ternes... Assez déprimant ce test, effectué dans ce sens.

Troisième essai : je reste sur l'Offrande et je passe You look good to me de l'album We get requests d'Oscar Peterson. Tout se passe bien. Certes la contrebasse est un peu écourtée mais l'Offrande n'est jamais qu'une bibliothèque, c'est bien normal.

Je passe sur la Concorde et là, encore une claque : la contrebasse est reproduite avec un grand réalisme. Au début, on entend distinctement le frottement de l'archet sur les cordes, avec beaucoup de "grain". Ensuite, les attaques sur les cordes sont franches. Le piano reste en retrait dans la scène sonore mais avec beaucoup de présence. Enfin, quelle ambiance ! On est sur place, on tape du pied, on ferme les yeux et on y est !

Pour boire le calice jusqu'à la lie, je reste sur les Concorde et je passe Grumble de Gary Boyle, sur le Naim Sampler 1. La ligne de basse à gauche est parfaitement nette, la guitare à droite est magnifique et les percussions... Quelle ampleur ! quelle rapidité ! Les impacts au plexus sont sévères ;-) On visualise parfaitement le jeu du batteur (sauf quand il va très vite et où les baguettes se croisent un peu dans ma tête...). Très impressionnant.

Je rebranche les Offrande : même constat que pour le Messie. Elles semblent creuses, sans ampleur, rapides certes mais il manque clairement quelque chose. Je ne vais même pas au bout du morceau...

Ce jour est un jour triste pour moi qui me disais souvent : "un jour j'aurais des Offrande". J'avoue que mes convictions ont été très largement ébranlées. Quel écart ! Quelle maestria ! Quel bonheur, finalement, que de les écouter...

Bon, il faut quand même comparer ce qui est comparable. Ce test était intéressant car les Offrande restaient supérieures aux précédentes Concorde sur certains points mais la Concorde Signature ne joue plus dans la même catégorie. Elles valent près de 2 fois le prix des Offrande (7800 € vs 4300 €), il est vrai également qu'elles sont très imposantes et pas super-jolies (quoique je m'y fasse petit à petit) et puis c'est un "monstre" de technologie. L'Offrande reste une magnifique enceinte bibliothèque, une des toutes meilleures lorsqu'on la compare à d'autres enceintes de sa catégorie. Elle n'est pas enterrée, loin de là ;-)

Demain je passe à la confrontation avec la C2. Le petit aperçu que j'ai eu sur Gary Boyle me laisse à penser que les C2 auront affaire à forte partie...

Guillaume


Rencontre du troisième type : Les Concorde Signature contre les Dynaudio C2

Bon, que ceux qui anticipent déjà la mise à mort des C2 en me taxant d'être partisant et d'être piquousé aux enceintes JMR ne se réjouissent pas si vite. Cela n'a pas été simple du tout...

Mes écoutes dans l'ordre :

* les 6 suites françaises de Bach au clavecin par Blandine Rannou
* le Messie de Haendel par Gardiner sur instruments anciens
* les 5 sonates pour violoncelle et piano de Beethoven, par Richter et Rostropovich
* Too marvelous for word, sur l'album Every Night Live at Vine St. de Joe Williams
* All this time sur l'album eponyme de Sting
* M'Bifo, sur l'album Bowmboi de Rokia Traoré
* Autour de minuit, sur l'album La note bleue de Nougaro en duo avec Nathalie Dessay
* Toulouse en version instrumentale sur ce même album, avec le London Session Orchestra

Cette fois-ci, j'ai changé de système : CD-101 & 9200 de Plinius + câbles MPC gamme Mélodie.

Globalement, la Concorde est plus vivante, plus claire, avec un grave très tendu et des timbres fabuleux, avec une présence exceptionnelle sur les voix. La C2 est plus douce, plus feutrée, presque mate. Son grave descend très sensiblement plus bas, il est beaucoup plus physique. L'aigu est très beau et monte très haut mais il est moins bien intégré au reste du spectre et est moins riche en harmoniques que sur la Concorde.

Sur le clavecin, la clarté de la Concorde associée au caractère très détaillé, presque analytique du CD-101 ont rendu l'écoute extrêmement vivante. Au contraire, la C2 est beaucoup plus douce - presque reposante - mais atténue la richesse harmonique et les attaques sur les cordes si typiques du clavecin.

Sur le Messie (plage 12) les coeurs, sur Rokia Traoré et sur Autour de minuit, la présence sur les voix est telle que l'avantage va nettement à la Concorde.

Sur le violoncelle, l'écoute est plus chaleureuse sur la C2 mais les timbres et le "grain" que délivrent la Concorde sont magnifiques.

L'ensemble et la voix de Joe Williams ont une présence fabuleuse sur les Concorde alors que les C2 ont un grave à la fois plus "physique" mais moins bien maîtrisé.

Sur All this time, les impacts de percussions sont plus rapides et plus francs sur la Concorde, la contrebasse - jouée à l'archet en arrière plan - est aussi nettement perceptible sur les deux enceintes mais elle est plus "pleine" sur la C2 qui descend plus bas. Le caractère très "vivant" de la Concorde est cependant très jubilatoire.

Enfin, la version intrumentale de Toulouse met en évidence la précision des C2 sur un ensemble instrumental complexe, avec grand orchestre. La trompette et le saxophone sont à la fois très beaux et plus doux que sur la Concorde où l'on décèle une très légère brillance (ceci dit, une trompette n'est pas mate du tout). En revanche, sur certains passages, une harpe et des cymbales jouées très doucement, sont beaucoup plus fins et élégants que sur la C2.

En conclusion... Si les timbres des instruments et des voix sont une priorité pour vous et que vous êtes prêt à accepter un spectre un poil plus court (mais mieux maîtrisé) dans le grave, ou bien que vous avez une pièce qui fait moins de 30m2, les Concorde sont pour vous. En revanche, si vous aimez les écoutes plus douces mais néanmoins précises et que vous aimez ressentir "physiquement" le registre grave quitte à ce qu'il soit un peu moins bien maîtrisé, alors les C2 seront un très bon choix.

Sur l'aspect cosmétique, net avantage aux C2 pour leur finesse mais sur l'aspect prix, très net avantage aux Concorde (-1.600 € quand même).

Guillaume

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